
Contrairement aux idées reçues, la pierre ne concurrence pas l’épargne. En réalité, plus les Français détiennent de biens immobiliers et plus ils thésaurisent, révèle la dernière édition de l’enquête « Les revenus et le patrimoine des ménages » publiée le 2 juillet 2014 par l’Insee.
D’après cette étude qui porte sur des chiffres de 2009, 50 % des foyers possédant un patrimoine immobilier supérieur à 270.000 euros épargnent 21 % de leurs revenus. Chez les non propriétaires et les ménages disposant d’un patrimoine immobilier inférieur à 150.000 euros, le pourcentage tombe à 6 %. La moyenne nationale se situe, elle, à 16 % des revenus.
Cigales versus fourmis
Plusieurs raisons expliquent cette tendance. Tout d’abord, pour acquérir un patrimoine immobilier conséquent, il faut percevoir des revenus importants. Il paraît normal, dans ces conditions, de pouvoir mettre plus d’argent de côté. Mieux : le phénomène s’autoalimente. Les revenus tirés des placements et de l’investissement locatif viennent grossir les revenus du travail ou de remplacement (retraites, pensions) et par ricochet, la capacité d’épargne.
A l’inverse, l’Insee observe que les locataires n’épargnent pas parce qu’ils n’en ont pas les moyens ou, pour certains d’entre eux, parce qu’ils ne souhaitent tout simplement pas devenir propriétaires. L’accession à la propriété constitue en effet le premier motif d’épargne, devant la préparation de la baisse de revenus à la retraite et le souhait de pouvoir faire face à un « coup dur ».
Epargne pour réaliser son projet immobilier
Si épargne et immobilier font si bon ménage, la progression n’est toutefois pas linéaire. « Il semble qu’une fois atteint un certain niveau de patrimoine, les ménages continueraient d’épargner mais moins », notent les deux auteurs de l’étude. D’ailleurs, 32 % des propriétaires déclaraient en 2009 ne pas épargner, contre 20 % des accédants à la propriété (les propriétaires n’ayant pas fini de rembourser leur emprunt immobilier). En d’autres termes, certains Français mettraient moins d’argent de côté une fois qu’ils possèdent les biens souhaités.
« Les ménages possédant plus de 270.000 euros de patrimoine immobilier ont deux fois plus de chances de désépargner que leurs homologues dont la valeur du patrimoine immobilier est comprise entre 150.000 et 270.000 euros », constatent les auteurs. Les Français détenant un fort patrimoine sont souvent âgés et sont quelque fois contraints, à la retraite, de puiser dans leur épargne. « Entretenir ou aménager un logement peut également être une explication de ces résultats si l’on considère que les biens immobiliers les plus chers, par leur localisation ou leur surface, entraînent des coûts d’entretien plus élevés », soulignent également les auteurs.