
Intégration des entreprises socialement responsables, exclusions sectorielles ou normatives, engagement actionnarial : l’investissement dans un fonds ISR peut prendre différentes formes.
Selon Novethic, le centre de recherche spécialisé dans la finance solidaire, il existerait quelque 401 fonds dédiés à l’investissement socialement responsable (ISR) en France. Leur encours aurait atteint la bagatelle de 746 milliards d’euros en 2015.
En réalité, l’ISR revêt différentes formes selon les stratégies mises en place par les sociétés de gestion. Dans les « fonds socialement responsables », également appelés « fonds de développement durable », les évaluations sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) de l’entreprise cotée sont prise en compte au même titre que ses performances.
Approche thématique
Les sociétés de gestion peuvent privilégier le « best in class » (les entreprises les plus vertueuses de leur secteur d’activité), le « best in universe » (celles présentant les meilleurs résultats en général) ou encore le « best effort » (celles reconnues pour leurs efforts). Pour donner un exemple, le fonds BNP Paribas Aqua se concentre sur les sociétés catégorisées « best in universe », en mêlant énergies renouvelables, gestion des déchets, de l’eau, transports durables.
Une autre forme d’investissement responsable, très courante en France, est l’approche thématique. Un fonds finance exclusivement (ou presque) des entreprises actives dans des domaines précis. C’est le cas de Covéa Actions Solidaires, un fonds d’actions en euros consacré à des entreprises dont les produits ou services ont un impact positif sur la santé, l’éducation ou l’emploi.
Exclusions sectorielles ou normatives
Plus de la moitié des fonds ISR français se basent, eux, sur les exclusions. Elles sont tout d’abord sectorielles, dès lors que les entreprises sont issues des secteurs de l’armement, du tabac, des jeux d’argent, des énergies fossiles ou dont les activités sont jugées dangereuses (OGM, pesticides, tests sur les animaux…). On parle alors d’exclusion éthique.
Les exclusions peuvent également être normatives. Chez Allianz Valeurs Durables, sont exclues, entre autres, les entreprises impliquées dans des affaires de corruption, qui ne respectent pas les droits de l’homme, du travail et des enfants. La discrimination, le travail forcé ou la dégradation de l’environnement constituent d’autres critères d’exclusion.
Engagement actionnarial
Une dernière forme d’ISR, encore peu répandue en France puisque ne concernant que 12 fonds actuellement, est l’engagement actionnarial. II s’agit ici d’intégrer le capital d’entreprises pour les influencer et les pousser à améliorer leur démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), notamment par le biais des votes en assemblée générale. Il peut ainsi être demandé à une société de ne pas s’implanter dans un pays où le droit du travail est inexistant, ou bien de renforcer ses mesures de lutte contre les émissions de CO2.
Ces différentes formes d’investissement responsable peuvent être pondérées (par exemple, ne pas concerner toutes les entreprises d’un même fonds) ou mêlées dans la stratégie d’investissement des sociétés de gestion. Chez ABN-Amro Investment Solutions, le fonds Euro Sustainable Bonds est tourné vers les entreprises œuvrant pour la protection de l’environnement et contre le réchauffement climatique, mais intègre uniquement les « best in class ». Le fonds Multi-Manager Funds, proposé par la filiale de la banque Neuflize OBC, est également orienté « best in class », tout en pratiquant l’ensemble des exclusions normatives.