
Le placement préféré des Français a été moins malmené l’année dernière que ce que l’on aurait pu craindre à cause de la crise sanitaire, estime la Banque de France.
Finalement, l’assurance vie s’est plutôt bien sortie de la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19. Tel est le constat dressé par la Banque de France (BDF) dans un des articles du dernier numéro de son Bulletin bimestriel paru le 10 novembre 2021.
À première vue, pourtant, le placement préféré des Français (39% des ménages détiennent au moins un contrat, rappelle la BDF) a souffert de la pandémie. La collecte nette (la différence entre les versements et les retraits) a été négative de 7 milliards d’euros en 2020. Il s’agit d’une décollecte record, supérieure à celle de 6 milliards d’euros de 2012 engendrée par la crise des dettes souveraines.
Une chute brutale de l’activité
Reste que ce mauvais résultat est à nuancer au regard de la gravité du contexte économique. À la suite des confinements instaurés par les gouvernements pour contenir la propagation du virus, l’activité mondiale a connu une baisse de 3,5%. De son côté, le produit intérieur brut (PIB) français a plongé de 8% ! Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les agences des agents généraux d’assurance ayant été fermées durant le premier confinement du printemps 2020, les cotisations de l’assurance vie ont logiquement marqué le pas pendant cette période. Les Français ont également préféré laisser leurs économies sur leur compte bancaire ou sur leurs livrets d’épargne pour pouvoir effectuer des retraits rapides, si besoin.
Un phénomène antérieur à la crise
Mais en vérité, « la forte décollecte nette de l’année 2020 n’est pas concomitante à la crise sanitaire et économique », constatent les quatre auteurs de l’article du Bulletin de la BDF. Dès l’été 2019, les retraits (appelés « rachats ») ont commencé à dépasser les versements sur les fonds en euros. La faute au taux bas qui lamine la rentabilité des supports d’investissement constitués à plus de 80% d’obligations.
La crise du Covid-19 a accru le phénomène, puisque la Banque centrale européenne (BCE) a mis en place un programme d’urgence d’achats d’obligations d’État pour maintenir les taux au plancher et permettre ainsi aux pays de la zone euro de s’endetter à moindre frais. C’est ainsi que le rendement moyen des obligations assimilables du Trésor (OAT) à dix ans – l’emprunt de l’État français de référence – s’est situé à… – 0,15% en 2020. Même si les assureurs n’ont pas totalement répercuté ce taux négatif, la rémunération moyenne des fonds en euros est ressortie en moyenne à 1,3% l’an dernier.
Un glissement du marché vers les UC
Si, au final, l’assurance vie a moins souffert du Covid que l’on aurait pu craindre, c’est grâce aux unités de compte (UC). Elles ont enregistré une collecte positive de 23,9 milliards d’euros en 2020, un résultat qui a permis d’atténuer la décollecte de 30,9 milliards d’euros des fonds en euros. Les Français privilégient les UC car ces supports sont majoritairement investis en actions et profitent, du coup, du dynamisme des marchés financiers.
Ce glissement du marché de l’assurance vie vers les UC se poursuit cette année. Alors que les fonds en euros ont connu une décollecte de 8,6 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2021, la collecte nette des unités de compte s’est élevée à 17,7 milliards d’euros durant la même période. Soit la plus forte collecte nette semestrielle des UC constatée depuis 2011.