
Après un mois de mai maussade, les versements sur les contrats d’assurance-vie ont par la suite atteint un record de 15,6 milliards d’euros, d’après les dernières données de France Assureurs publiées le 27 juillet 2023.
Un net rebond. Après un sérieux coup d’arrêt en mai, qui s’est traduit par une décollecte de 1,6 milliards d’euros, la collecte nette de l’assurance-vie est repassée en territoire positif en juin, selon les statistiques dévoilées par France Assureurs le 27 juillet 2023. Alors que ce mois est traditionnellement peu favorable au premier produit d’épargne en valeur des Français, l’assurance-vie a enregistré en juin dernier une collecte nette de « + 1,7 milliard d’euros, contre 0,5 milliard d’euros en juin 2022, en hausse de + 1,2 milliard d’euros sur un an », constate la fédération des sociétés et mutuelles d’assurance.
En juin 2023, les cotisations (les versements sur les contrats) atteignaient « un niveau record de 15,6 milliards d’euros », poursuit France Assureurs, qui fait état d’une augmentation de 30 % par rapport à juin 2022, en glissement annuel. « Ce niveau de cotisations n’a jamais été observé sur un mois par le passé », constatent les auteurs de l’étude, qui notent que cette performance vient même effacer un record vieux de dix-sept ans, fixé à 15,1 milliards d’euros en mars 2006.
Nouveau record pour l’encours
Et si, comme le fait remarquer France Assureurs, le mois de juin s’affiche comme le meilleur depuis le début de l’année 2023, il permet également à l’assurance-vie de franchir une nouvelle barre symbolique. À la fin de ce même mois de juin, l’encours total des contrats d’assurance-vie se situait au niveau record de 1 911 milliards d’euros, en progression de 5 % sur les douze derniers mois. Pout rappel, ces mêmes encours s’élevaient au global à 1 842 milliards d’euros au 31 décembre 2022.
Autre donnée relevée par France Assureurs : les prestations (qui comprennent les rachats et les versements en cas de décès) se sont situées à 13,9 milliards d’euros en juin 2023, ce qui représente une hausse de 21 % par rapport au même mois de l’année passée. Toujours d’après les statistiques communiquées par la fédération professionnelle des entreprises d’assurance, le montant des prestations a représenté un total de 77,7 milliards d’euros sur le premier semestre de l’année, soit une progression de 19 % sur un an.
Collecte pour les UC, décollecte pour les fonds euros
Si l’on observe la répartition des versements opérés sur les contrats d’assurance-vie au mois de juin, les unités de compte (UC) ont réussi à capter 4,5 milliards d’euros additionnels. C’est là aussi un record pour ces produits de diversification, potentiellement plus rémunérateurs que les fonds euros mais également plus risqués pour les épargnants.
En revanche, les fonds euros – moins risqués, dans la mesure où ils offrent une garantie sur le capital à leur souscripteur (ce dernier a l’assurance de récupérer le cumul de ses versements et des intérêts capitalisés, et ce, quoi qu’il arrive) – ont subi en juin une décollecte de nette à hauteur de de 2,8 milliards d’euros.
Les livrets réglementés en embuscade
Si le mois de juin a été euphorique pour l’assurance-vie, France Assureurs constate que le bilan a été plus mitigé à l’échelle du semestre. « Sur la première moitié de l’année, la collecte nette s’établit à + 4,1 milliards d’euros (contre + 11,9 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l’année 2022) », affirment les auteurs de l’étude. Là encore, si les UC affichent entre janvier et juin une collecte nette de 19,5 milliards d’euros de collecte nette, les fonds euros poursuivent leur lente hémorragie en subissant sur la période un solde net en baisse de de 15,4 milliards d’euros (retraits nets réalisés sur les contrats).
Parmi les causes qui expliquent que l’assurance-vie affiche au premier semestre une collecte environ trois moins importante qu’au cours des six premiers mois de 2022, figure la concurrence des livrets d’épargne réglementés. Le Livret A, dont la rémunération est maintenue à 3 % jusqu’en janvier 2025 (contre 0,5 % il y a à peine un an), a enregistré depuis janvier dernier une collecte nette de 25,8 milliards d’euros, selon la Caisse des dépôts. Dans le même temps, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) a gonflé de 8,7 milliards d’euros. Dans ce contexte, tout laisse à penser que les fonds en euros auront bien du mal à rivaliser avec des livrets d’épargne, potentiellement mieux rémunérés, plus liquides et sans aucune fiscalité.