
Si le marché de l’assurance vie a presque retrouvé l’an dernier son niveau de cotisations d’avant la crise sanitaire, c’est grâce aux unités de compte, d’après les derniers chiffres de la profession.
L’assurance vie tient le coup. En dépit de la guerre en Ukraine et de la forte inflation, les versements sur les contrats ont atteint 144,4 milliards d’euros l’année dernière, selon les données communiquées le 2 février 2023 par France Assureurs, la fédération professionnelle représentant les sociétés et mutuelles d’assurance. Si ce montant est inférieur de 3% à celui de 2021, il est quasiment au même niveau que celui de 2019 (144,6 milliards d’euros), c’est-à-dire avant l’apparition du Covid.
Sur le seul mois de décembre dernier, la collecte brute s’est élevée à 12,8 milliards d’euros, alors que cette période, marquée par les achats de Noël, n’est traditionnellement pas favorable à l’assurance vie. Cette résilience du (encore) placement préféré des Français s’explique par la vigueur des unités de compte (UC). Ce support non sécurisé (le capital des UC n’est pas garanti, contrairement à celui des fonds en euros) a capté 40% des cotisations en 2022. Soit le taux le plus élevé depuis vingt ans. Il a même grimpé à 48% en décembre.
Des achats en bas de cycle
Cet engouement pour les unités de compte est d’autant plus surprenant que le CAC 40, l’indice vedette de la Bourse de Paris, a reculé de 9,75% l’an passé. Il s’agit de sa pire performance annuelle depuis 2018. Or, la majorité des UC sont investies en actions. Les souscripteurs ont peut-être compris qu’il est judicieux d’aller en Bourse lorsque les cours sont bas, ce qui augmente le potentiel de plus-values.
Autre explication : à côté des UC actions, les épargnants ont, semble-t-il, investi dans des UC immobilières. D’après les données les plus récentes de l’Association française des sociétés de placement immobilier (Aspim), la collecte des unités de compte constituées de fonds immobiliers non cotés (SCPI, OPCI, SCI) a bondi de 41% sur les neuf premiers mois de 2022, pour atteindre 3,5 milliards d’euros.
Les loyers étant indexés sur l’évolution des prix, la « pierre » constitue, il est vrai, une bonne protection contre l’inflation. Sans compter que, selon l’Aspim, les UC immobilières ont délivré une rémunération moyenne de 3,3%, toujours sur les trois premiers trimestres de l’an dernier. Un taux supérieur à la rémunération des fonds en euros qui devrait se situer légèrement au-dessus des 2% en 2022 (le rendement moyen devrait être connu au printemps).
Des prestations en hausse
Preuve que les Français ont été contraints de piocher dans leur épargne pour faire face à la flambée des prix : les prestations (rachats partiels et totaux, décès, rentes) ont augmenté de 3% en 2022, à 130,1 milliards d’euros. La collecte nette ressort donc positive de 14,3 milliards d’euros (contre 23,7 milliards d’euros en 2021).
Si ce montant se situe dans la moyenne des dix dernières années, il résulte là aussi essentiellement du succès des UC. Alors que les fonds en euros ont subi une décollecte de 20,3 milliards d’euros, les unités de compte ont enregistré une collecte nette de 34,6 milliards d’euros en 2022.
Sources : https://www.franceassureurs.fr/wp-content/uploads/20221201-france_assureurs_cp-vie_decembre.pdf ; https://www.aspim.fr/article/communique-de-presse/la-collecte-des-fonds-immobiliers-grand-public-ne-faiblit-pas-au-3e-trimestre-2022.html ; https://www.aspim.fr/article/communique-de-presse/performances-et-investissements-des-fonds-immobiliers-non-cotes-au-3e-trimestre-2022.html