
En dépit de la baisse du pouvoir d’achat et des incertitudes économiques, les cotisations ont atteint un niveau inégalé depuis 12 ans sur les quatre premiers mois de l’année, d’après les dernières données de France Assureurs.
L’assurance vie semble insubmersible. Selon les statistiques diffusées le 1er juin 2022 par France Assureurs, la fédération professionnelle des bancassureurs (les filiales d’assurance des banques), des mutuelles et compagnies d’assurance, les épargnants français ont versé 53,7 milliards d’euros sur leurs contrats entre janvier et avril derniers. Il faut remonter à 2010 pour retrouver un niveau de collecte brute pour un premier quadrimestre aussi élevé (54,6 milliards d’euros).
La collecte nette est également au plus haut. Sur les quatre premiers mois de cette année, les cotisations (versements) ont dépassé les prestations (rachats totaux et partiels, rentes, décès) de 10,5 milliards d’euros. Un montant record pour cette période depuis 2011. Du coup, l’encours (le cumul des cotisations, majoré des intérêts annuels et des plus-values latentes) de l’assurance vie a atteint 1.847 milliards d’euros au 30 avril 2022, en progression de 1,1% en glissement annuel (par rapport au 30 avril 2021).
Une anticipation de la remontée des taux d’intérêt
Ces bons résultats sont d’autant plus à saluer que la conjoncture actuelle n’est guère favorable. Sous l’effet de la reprise post-Covid et de la pénurie de certains composants, les prix, notamment énergétiques, flambent. Les salaires ne suivant pas cette forte inflation, les Français subissent une perte de pouvoir d’achat. On s’attendait donc à ce qu’ils épargnent moins, voire qu’ils puisent dans leur épargne, pour maintenir leur niveau de vie. Sans oublier que la guerre en Ukraine rend la situation économique incertaine.
En dépit de ce tableau morose, nos compatriotes continuent donc d’alimenter leur contrat d’assurance vie. Le fonds en euros, dont le capital (le cumul des versements) est garanti par l’assureur, rassure plus que jamais en cette période troublée. La remontée prévisible des taux d’intérêt pousse également certains épargnants à investir sur ce support. Pour contrer l’inflation galopante dans les pays de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) va progressivement augmenter ses taux directeurs afin de rendre le crédit plus cher et freiner ainsi l’investissement des entreprises et la consommation. Cette hausse va se répercuter sur les obligations, qui constituent plus de 80% de l’actif des fonds euros.
Une part d’UC en très légère hausse
Autre preuve de l’attachement des Français à l’égard de l’assurance vie : les cotisations sur les unités de compte (UC) ont représenté 40% de la collecte brute réalisée entre janvier et avril. Soit une part d’UC très légèrement supérieure à celle de 2021 (39%). Une prouesse là aussi, sachant que ces supports non garantis sont majoritairement investis en actions et que le CAC 40 a baissé, en grande partie à cause du conflit russo-ukrainien, d’environ 10% depuis le début de l’année.