Selon une récente étude, les particuliers qui ont commencé à investir ces trois dernières années sont plus jeunes, plus féminisés, plus diplômés, et avec un horizon de placement plus court.
Les nouveaux investisseurs français n’ont pas grand-chose à voir avec les investisseurs traditionnels. Tel est le principal enseignement d’une étude dévoilée le 8 novembre 2023 et réalisée par l’Institut Audirep auprès d’un échantillon de 8 456 individus représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour le compte de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Sur ce panel, l’étude de l’OCDE s’est focalisée sur les 2 134 personnes qui investissent notamment dans des actions, dans des fonds (FCP et Sicav), dans le crowdfunding (financement participatif) et les cryptoactifs (devises électroniques et NFT). Celles qui investissent uniquement dans l’assurance-vie, le plan d’épargne retraite (PER) et les fonds immobiliers non cotés (SCPI, OPCI, SC), sont exclues de l’étude. Parmi les investisseurs au sens de l’OCDE, le document de 124 pages distingue les « nouveaux » (les particuliers qui ont commencé à investir à partir de 2020) et les « traditionnels » (ceux qui ont débuté leurs investissements avant 2020).
15 ans de moins
Il en ressort tout d’abord que si les investisseurs représentent 24 % de la population française, la moitié d’entre eux (12 % de la population) sont à classer dans la catégorie des nouveaux investisseurs. Plus d’un sur deux (56 %) est âgé de moins de 35 ans, contre seulement 21 % chez les investisseurs traditionnels. L’âge moyen des nouveaux investisseurs se situe à 36 ans, soit 15 ans de moins (51 ans) que les « tradis ».
On compte 36 % de femmes chez les nouveaux investisseurs. C’est quatre points de pourcentage de plus (32 %) que chez leurs homologues traditionnels. Il faut, toutefois, rappeler que les femmes représentent 52 % de la population française…
Plus d’employés et d’ouvriers
Les nouveaux investisseurs sont davantage représentés chez les employés (19 % versus 11 %), les ouvriers (18 % vs 9%) et les inactifs (13 % vs 4 %). Parmi ces derniers, on trouve les étudiants, les demandeurs d’emploi et les parents au foyer. En revanche, à peine 6 % des nouveaux investisseurs sont des retraités, contre… 28 % chez les investisseurs traditionnels !
Enfin, les nouveaux investisseurs sont plus diplômés. Près de la moitié (48 %) détient un diplôme d’enseignement supérieur (45 % dans la population française). Ces caractéristiques différentes se retrouvent dans leur manière d’investir.
La ruée vers les cryptomonnaies
Ainsi, les nouveaux investisseurs ont tendance à moins posséder de placements (3,12 produits financiers, contre 3,48 pour les investisseurs traditionnels). Les cryptomonnaies constituent – de loin – leur actif le plus courant. Plus de la moitié (54 %) ont acquis du bitcoin, de l’ether ou encore des stablecoins (25 % chez les investisseurs traditionnels).
Encore plus étonnant : le contrat d’assurance-vie monosupport en euros arrive en deuxième position. Un tiers (33 %) des nouveaux investisseurs ont souscrit ce placement très sécurisé (le capital est garanti), mais peu rémunérateur (car composé majoritairement d’obligations).
Une faible appétence moyenne pour l’assurance-vie multisupports
Le contrat d’assurance-vie multisupports, qui comprend un fonds en euros et une ou des unités de compte (UC), se classe seulement à la 9e place (17 %). Si ce placement est certes plus risqué que le monosupport en euros (les UC n’offrent pas de garantie sur le capital), il est pourtant potentiellement plus performant grâce justement aux unités de compte investies sur les marchés financiers.
Outre les cryptomonnaies et l’assurance-vie en euros, l’assurance-vie multisupports est devancée par l’épargne retraite (29 %), les actions détenues en direct ex-aequo avec l’épargne salariale (24 % chacune), les fonds immobiliers (21 %), les actions d’entreprises non cotées (20 %) et le crowdfunding (18 %). Elle est suivie des NFT (13 %) qui font partie des cryptoactifs, des fonds de défiscalisation ex-aequo avec les obligations et avec les produits boursiers spéculatifs (12 %) comme les Turbos ou les Warrants.
Des motivations très différentes
Les fonds actions et obligataires logés dans un compte-titres ou dans un plan d’épargne en actions (PEA), ainsi que les ETF (fonds alignés sur un indice) ferment la marche, avec 11 % des nouveaux investisseurs qui en détiennent. Il est surprenant que la part des ETF soit si minime, alors que d’autres études montrent que les jeunes apprécient ces fonds indiciels qui supportent peu de frais puisque leur gestion est automatisée.
Les nouveaux investisseurs se caractérisent par un horizon de placement nettement plus court. Alors que les investisseurs traditionnels sont 4 % à épargner pour une durée de moins de trois ans, le pourcentage bondit à 18 % chez les nouveaux. Un quart (25 %) de ces derniers thésaurisent pour un horizon de trois à cinq ans, contre 10 % chez les traditionnels. Si les deux-tiers des « tradis » (66 %) épargnent pour au moins 10 ans, le ratio tombe à 13 % chez les nouveaux.
Il faut dire que les motivations sont très différentes entre les deux publics. Si les profils traditionnels investissent avant tout pour aller chercher du rendement, diversifier leur patrimoine financier et préparer leur retraite, les nouveaux investisseurs le font surtout par curiosité, pour apprendre, par jeu ou pour financer un projet précis, comme l’achat d’un logement ou le financement d’un voyage.
Source : https://www.oecd.org/fr/daf/fin/education-financiere/new-retail-investors-in-France-FR.pdf